La trousse de 72h revue et corrigée

Lorsque j’ai une conversation avec quelqu’un au sujet de la préparation en cas d’urgence, on commence souvent par parler de petits événements. En général, ces discussions surgissent après une panne d’électricité qui a duré entre un et trois jours, ou encore après un avis d’ébullition d’eau causé par une contamination à l’E. coli qui a duré quelques jours.

Ce sont de petits problèmes, oui… mais qui peuvent avoir de grosses conséquences pour certaines personnes.
Ce n’est pas pour rien que les gouvernements recommandent d’être autonome pendant au moins 72 heures en cas d’urgence. J’ai choisi de prendre comme exemple ce que ma ville propose comme « plan ».
À mon avis, ce « plan » est loin d’être ajusté à la réalité car selon moi, il propose vraiment le strict minimum, et manque d’informations essentielles. C’est un constat qui s’applique aussi à bien d’autres municipalités, et même à certaines recommandations gouvernementales.

Explorons cela ensemble.

(Petite précision : pour des raisons de vie privée, je ne nommerai pas la ville en question.)

Se préparer pour 72 heures, selon les recommandations municipales
(inspiré des directives gouvernementales)

Comme mentionné plus haut, je prends comme exemple la ville où je vis. La plupart des municipalités ont un programme de préparation d’urgence, et dans bien des cas, ils se ressemblent énormément. Cela dit, certains détails peuvent varier en fonction des risques propres à chaque région.

J’aime que sur leur site, la ville commence avec un proverbe qui tombe juste :
« Vaut mieux prévenir que guérir. »

Je suis entièrement d’accord.

Dès le départ, ils recommandent de se constituer une trousse d’urgence contenant les biens essentiels pour la maison. Cette trousse est censée assurer la sécurité d’un individu ou d’une famille pendant au moins 72 heures. On précise aussi qu’elle devrait être facile d’accès, en tout temps, ce qui, évidemment, fait beaucoup de sens. Voici ce que la ville propose à sa population comme contenu de base :

-Nourriture non périssable pour 72 heures

-Ouvre-boîte manuel

-Chandelles et allumettes

-Radio à manivelle ou à piles (avec piles de rechange)

-Lampe de poche à manivelle ou à piles (avec piles de rechange)

-Trousse de premiers soins (antiseptiques, analgésiques, bandages, compresses, ciseaux, etc.)

-Eau potable (environ 6 litres par personne)

On voit ici le strict nécessaire. Et pour quelqu’un de plus expérimenté dans la préparation, il est évident qu’on peut faire mieux. Beaucoup mieux, même. Mais il faut quand même remercier cette initiative municipale, car c’est une base solide. Voyons ensemble comment et pourquoi cette trousse de base peut être bonifiée pour offrir plus de sécurité, de confort et d’autonomie.

De la nourriture non périssable pour au moins 72 heures

Plusieurs pourraient se dire : « C’est juste du gros bon sens, non ? »

Peut-être. Mais prenons un exemple : dans la catégorie des aliments non périssables, on retrouve souvent des choses comme du riz ou des pâtes. Techniquement, oui, ce sont des aliments qui se conservent longtemps. Mais… à quoi ça sert si la famille n’a ni électricité, ni moyen de cuisson pour les préparer ?

L’idée d’avoir un stock de nourriture pour 72 heures est bonne. Mais selon moi, ces listes manquent souvent de précisions importantes. Dans la liste, on devrait au minimum y inclure un petit système de cuisson autonome, comme un réchaud au propane ou un autre dispositif permettant de faire bouillir de l’eau et chauffer des repas. Et bien sûr, on devrait aussi prévenir les gens des dangers liés à l’utilisation de ces appareils à l’intérieur. Chaque année, on entend des histoires (dans les médias) d’intoxications au monoxyde de carbone pendant une panne de courant. Mais pour revenir à la nourriture non périssable, imaginez des enfants affamés devant une boîte de macaroni au fromage… sans aucun moyen de le cuire. C’est frustrant pour tout le monde.

Même les conserves, qui sont souvent plus faciles à manger telles quelles, sont souvent meilleures et plus réconfortantes chaudes. Ce genre de détail peut faire une grande différence pendant une situation stressante.

Chandelles et allumettes

L’idée d’inclure des chandelles dans une trousse d’urgence est bonne et logique, mais là encore, ça manque de précisions importantes. Par exemple : choisissez des chandelles non parfumées.

Pourquoi ? Parce que les chandelles parfumées, allumées pendant plusieurs heures (ou plusieurs jours), peuvent provoquer de fortes migraines chez certains membres de la famille. C’est un détail qui peut vraiment changer l’ambiance quand on est déjà dans une situation tendue.

Autre chose : si vous utilisez plusieurs chandelles, pensez à aérer un peu votre logement en ouvrant ou entrouvrant une fenêtre, selon la saison pour éviter une accumulation de fumée ou chaleur.

Et oui, une chandelle dégage de la chaleur (bah oui Sherlock, on le sait !) mais en période de canicule, ce petit détail peut vite devenir un gros inconfort. Un logement déjà chaud pourrait devenir carrément étouffant.

Aussi, j’imagine qu’on suppose que les chandelles sont avant tout là pour l’éclairage, pas pour cuisiner. Cela dit, il est techniquement possible de réchauffer une conserve au-dessus d’une chandelle… mais je ne le recommande pas, surtout pas pour les gens qui débutent en préparation.

Pourquoi ? Trop de risques : de brûlures, de chute, d’incendie.

Que ce soit pour s’éclairer ou se chauffer un repas, la dernière chose qu’on veut, c’est foutre le feu à la maison.

Personnellement, je conseille aussi de privilégier un briquet de type BIC plutôt que des allumettes car c’est plus fiable, plus durable, et encore une fois, moins de risques d’accident.

Radio à manivelle ou à piles (avec piles de rechange)

Une radio à piles ou à manivelle, c’est selon moi, un des outils les plus sous-estimés dans une trousse d’urgence. Elle vous permet de rester informé sans avoir à sortir de chez vous ou à prendre des risques inutiles. Dans un contexte incertain, pouvoir suivre les nouvelles locales et les consignes des autorités peut littéralement sauver des vies.

Ensuite, au-delà de l’aspect utilitaire, la radio peut aussi devenir une source de divertissement. Écouter de la musique, une émission, ou même simplement une voix humaine à l’autre bout des ondes, ça peut apaiser l’anxiété et occuper les esprits, surtout ceux des enfants.

Par contre, si la situation est plus grave, disons que les tours de communication sont hors service ou que les stations cessent d’émettre, il peut être utile d’avoir quelques “battery banks” (batteries portatives) pour recharger votre téléphone, ordinateur portable ou tablette(s).

Si vous avez déjà téléchargé de la musique, des podcasts ou des livres audio, ça devient une excellente façon de passer le temps et de garder le moral. Et avec un petit haut-parleur externe (de préférence rechargeable aussi), c’est encore mieux !

Évidemment, n’oubliez pas que ni les piles ni les batteries portatives ne sont éternelles.
Pensez à vérifier leur charge régulièrement, et idéalement, inclure dans votre kit une façon de les recharger, comme un petit panneau solaire portable ou un adaptateur manuel.


Lampe de poche à manivelle ou à piles (+ piles de rechange)

Les lampes de poche sont d’une utilité primordiale, que ce soit en situation d’urgence… ou non !

Aujourd’hui, il en existe de toutes les tailles, puissances et styles. Mais lors de votre préparation (et non pas pendant l’urgence, car vous allez voir vos piles disparaître aussi vite que des petits croissants chauds un dimanche matin), je vous suggère de choisir des lampes fonctionnant avec des piles faciles à trouver, comme les AAA ou les AA. C’est avant tout une question de prix et d’accessibilité.

Je recommande d’avoir :

quelques lampes de poche standards (à tenir à la main),

une ou deux lanternes à DEL, pour éclairer une pièce,

et au moins une lampe frontale, qui est ultra pratique quand on a besoin d’avoir les deux mains libres.

Bien sûr, ajustez le tout selon vos besoins et ceux de votre famille.

Finalement, les lampes à manivelle peuvent aussi être un bon ajout à votre kit. Elles ont souvent une durée de vie plus longue, et elles ne dépendent pas de piles.

Trousse de premiers soins

Ce sujet est plus complexe qu’il n’en a l’air. Ce n’est pas pour rien qu’il existe des formations en premiers soins et des cours de secourisme : savoir quoi faire (ou ne pas faire) dans une situation d’urgence peut littéralement sauver une vie.

Cela dit, la plupart des trousses de premiers soins que j’ai vues ou achetées contenaient un petit guide des blessures courantes. C’est une bonne initiative pour les gens qui n’ont pas de formation formelle.

Une trousse bien équipée, combinée à un peu de connaissance, peut faire toute la différence.

Parfois, c’est simplement de porter assistance du mieux qu’on peut en attendant l’arrivée des secours ou de quelqu’un de mieux formé.

Mais en général, les problèmes les plus fréquents sont :

  • coupures et égratignures,

  • brûlures mineures,

  • maux de tête,

  • symptômes de rhume,

  • réactions allergiques.

Une trousse de base bien pensée contient généralement tout le nécessaire pour ce genre de bobos.

Cela dit, je recommande à tout le monde de suivre au moins une formation de base en secourisme. C’est une compétence qu’on devrait tous avoir, peu importe notre niveau de préparation. Et en situation d’urgence, c’est souvent la personne la mieux préparée mentalement, pas la mieux équipée, qui fait la plus grande différence.

Eau potable (environ 6 litres par personne)

Avoir de l’eau potable, c’est d’une importance capitale.

Même si, pour la majorité d’entre nous, l’eau coule toujours au robinet, il suffit d’un de ces problème : contamination bactérienne, bris d’aqueduc, avis d’ébullition pour que cette ressource devienne soudainement inaccessible ou dangereuse à consommer.

Avoir une réserve d’eau potable à la maison, c’est donc non seulement pratique… c’est nécessaire. On pense souvent à l’eau pour s’hydrater ou cuisiner, mais il ne faut pas oublier qu’on en a aussi besoin pour se laver, nettoyer une plaie, ou même tirer la chasse d’eau si c’est nécessaire.

Les recommandations officielles parlent de 6 litres par personne pour 3 jours.

Pour être honnête ?
Je trouve ça insuffisant.

Tout le monde n’a pas l’habitude de rationner son eau ou d’en faire une utilisation minimale.

Personnellement, je recommande de viser au moins 8 litres par personne pour trois jours.

“Ouin mais là Alex… Ça fait ben de l’eau à stocker !”

Peut-être. Mais je te garantis une chose : tu vas être bien content d’en avoir un peu plus quand tu transpires à grosses gouttes pendant une canicule sans électricité ( sans l’air climatisé ). Bien entreposée, cette eau ne se perdra pas. Et tu ne manqueras pas d’un besoin essentiel à la vie.

En complément, je recommande fortement d’avoir des pastilles de purification. Elles sont faciles à trouver dans les magasins de plein air. Cependant, petite mise en garde : elles laissent parfois un goût désagréable dans l’eau, ce qui peut déplaire à certains, surtout les enfants.

C’est pourquoi je conseille aussi d’avoir un système de filtration mécanique.

Pour ma part, j’utilise des filtres LifeStraw, et mon préféré reste le système Grayl, qui permet de purifier rapidement l’eau d’une rivière, d’un ruisseau ou même d’un robinet douteux.

C’est un investissement, mais quand t’as soif, c’est pas le temps d’improviser.

Mais où est le cash ?!

En lisant leur liste pour la trousse de biens « essentiels », j’ai été franchement déçu de ne voir aucune mention d’argent liquide.

Pourtant, en situation de sinistre ou de panne de courant, il arrive que certains commerces restent ouverts ( dépanneurs, pharmacies, marchés de quartier ).

Le hic ? Les terminaux de paiement risquent de ne pas fonctionner.

Et là, si vous n’avez pas un minimum d’argent comptant sous la main, vous pourriez vous retrouver dans l’impossibilité d’acheter ce qu’il vous manque comme des médicaments, bouteilles d’eau, conserves, piles… ou même un simple café chaud qui fait du bien au moral.

Garder de l’argent liquide à la maison, c’est être prévoyant. Un montant raisonnable, bien caché et en petites coupures, peut vous dépanner dans bien des situations.

Pas besoin de garder des liasses comme dans un film de mafieux, mais quelques billets de 10, 20, peut-être un ou deux de 50 peuvent faire toute la différence quand le réseau tombe à plat.

Jeux de cartes ou de sociétés

C’est le soir. Il n’y a plus d’électricité, mais au moins, vous avez tout ce qu’il faut côté éclairage. Sauf que là, les enfants tournent en rond. Ils ne savent pas quoi faire et chignent aux deux minutes. Vous aviez prévu les conserves, l’eau, les lampes… mais vous aviez oublié un petit détail : vous préparer à l’ennui.

Pensez à inclure quelques jeux de société dans votre trousse familiale.
Des jeux simples, accessibles, qui peuvent durer 10 minutes comme une heure. C’est un bon moyen de faire passer le temps, de garder le moral, et même de renforcer les liens dans une situation qui pourrait autrement virer au chaos familial.

Et si vous vivez seul(e) ? Parfait. Vous aurez tout le temps nécessaire pour vous plonger dans un bon livre. L’idée, c’est pas juste de survivre à la panne. C’est de la vivre le mieux possible.

Stocker votre kit de 72 heures intelligemment

Malheureusement, la ville en question ne précise pas comment stocker votre trousse de 72h.

Voilà pourquoi je recommande d’utiliser des bacs en plastique rigide, avec couvercle. Ce genre de contenant permet de garder vos biens à l’abri de l’humidité, mais aussi des insectes ou de petits rongeurs qui pourraient vouloir se faire un snack avec vos réserves.

L’important, c’est d’être organisé :

  • Identifiez clairement chaque boîte selon son contenu (ex. : Nourriture, Eau, Lumière, Premiers soins, etc.)

  • Indiquez une date, au besoin, pour faciliter le roulement des stocks (surtout pour la nourriture, les piles, les médicaments, etc.)

  • Rangez-les dans un endroit facile d’accès pour toute la famille

  • Évitez les coins trop chauds ou humides (comme le fond du cabanon en plein été…)

Un bon stockage, c’est ce qui fait que votre préparation devient réellement utile… et non juste théorique.

La liste selon Alex

Bon. Maintenant qu’on a décortiqué ensemble la version officielle du kit de 72 heures de la ville, voici comment j’aurais monté cette liste. Ce n’est pas une version extrême ou "doomsday", juste une version plus complète, plus réaliste, et surtout, vraiment utile en cas de pépin.

1. Eau (minimum 8 litres par personne)

  • Pour boire, cuisiner, se laver.

  • Prévoir plus en cas de canicule.

  • Options pour décontaminer ou filtre l’eau : pastilles de purification, ou systême de purification d’eau de votre choix

2. Nourriture

  • Conserves prêtes à manger (et qu’on aime).

  • Barres énergétiques ou collations.

  • Éviter les aliments nécessitant cuisson à moins d’avoir un réchaud.

  • Ouvre-boîte manuel

3. Éclairage

  • Lampes de poche à piles (AA ou AAA de préférence).

  • Lanternes LED.

  • Lampe frontale.

  • Quelques chandelles non parfumées.

  • Briquets (BIC) plutôt que des allumettes.

  • lampe à manivelle.

4. Énergie et info

  • Radio à piles ou à manivelle.

  • Piles de rechange.

  • Battery banks (rechargées !).

  • Téléphone avec fichiers audio téléchargés (musique, livres audio).

  • Haut-parleur externe (pas essentiel, mais agréable).

5. Premiers soins

  • Trousse complète avec bandages, antiseptique, compresses, analgésiques.

  • Médicaments personnels de base. ( Acétaminophène, ibuprohène, pastilles contre les maux d’estomac )

  • Petit guide des soins de base (souvent inclus dans les trousses).

  • Avoir suivi une formation de base en secourisme, si possible.

6. Hygiène et confort

  • Papier de toilette, lingettes, savon, dentifrice.

  • Serviettes, tampons ou coupes menstruelles selon les besoins.

  • Quelques sacs à ordures.

7. Argent liquide

  • Une petite réserve d’argent en petites coupures.

  • Pour les dépenses de base si les terminaux ne fonctionnent plus.

8. Divertissement

  • Jeux de société simples, jeu de cartes.

  • Livres ou liseuse.

  • Carnet de notes, crayons.

9. Rangement

  • Boîtes de plastique rigides avec couvercles.

  • Chaque boîte bien étiquetée (ex. : Nourriture, Eau, Soins, etc.).

  • Datez les items à durée limitée.

  • Rangez dans un endroit sec et facilement accessible.

Conclusion

Préparer une trousse de 72 heures, ce n’est pas transformer sa maison en bunker ni devenir obsédé par la fin du monde. C’est simplement être prêt à faire face à l’imprévu avec confiance et calme.

On a vu ce que recommandait la ville, puis on a creusé un peu plus pour comprendre ce qu’il faut vraiment avoir sous la main : assez d’eau, de la nourriture qu’on peut manger sans prise électrique, un éclairage sûr, des moyens de rester informé, des connaissances en premiers soins, un peu d’argent liquide, et même des jeux pour combattre l’ennui.

L’essentiel, c’est l’équilibre : se préparer intelligemment, sans en faire trop, mais sans oublier les détails importants mais surtout, adapter sa trousse aux besoins réels et au mode de vie de sa famille.

Commencez petit si nécessaire. Ajoutez ou ajustez au fur et à mesure.
Vérifiez et mettez à jour vos provisions régulièrement.

En suivant ces étapes pratiques, vous ne vous offrez pas juste la tranquillité d’esprit mais vous bâtissez votre résilience. Parce qu’au final, ce sont ceux qui sont prêts, calmement et discrètement, qui s’en sortiront le mieux.

Alors, qu’est-ce que tu attends?
Pas besoin d’attendre la prochaine panne de courant ou la catastrophe annoncée à la télé pour commencer.
Regarde autour de toi, évalue ce qui te manque, commence à assembler ta trousse, pièce par pièce.
Parle-en à ta famille, partage ces idées. Se préparer, c’est aussi prendre soin des siens.
Chaque petit geste compte. Même un pas à la fois, c’est déjà avancer dans la bonne direction.

Prépare-toi aujourd’hui, pour être tranquille demain.
Et surtout, garde la tête froide… la vraie force, c’est la préparation, pas la panique.

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